RETROGRADE (qiana)

you're on your own
in a world you've grown
♥

oz. ne disparaît pas dans la mer, je te tiens pour ne pas que tu décides de partir que l'océan décide de t'emporter loin de moi. oz comme le magicien, oz qui fait disparaître la tristesse d'un monde avec un sourire, qui nous fait aimer la vie, car elle, elle est une amoureuse de la vie et de l'imagination. je la laisse découvrir ce monde et je la laisse me le montrer à son tour. elle est ma huitième merveille, non, ma première merveille. elle est tout oz. je lui souhaite d'être ce bonheur de la terre, d'être la beauté dans la noirceur. elle et ses cheveux d'ébène. je ne souhaite jamais la perdre. j'entends de la musique, mes yeux quittent cette petite silhouette pour suivre les notes qui volent dans les airs. cette fille au loin, cette fille de musique. une joie s'empare de mon coeur, une joie d'apprendre, une joie de connaître. qui est-elle ? elle existe ? elle vient de quel monde ? je ne peux pas m'empêcher de la fixer. oz danse, oz danse son bonheur. elle court et je la suis à petits pas, elle tombe, elle se relève et continue. ne jamais abandonner disait sa mère. jeune femme, je veux te donner mon temps, tu es belle et le son est doux. sa couronne, une reine. une amie. je fais quelques pas de danse dans le sable. - sol. comme le sol que tu as franchi pour venir jusqu'ici. je dois être plus claire. - tu aimes la musique ? je dois être encore plus claire, je pointe alors son ukulélé, je sers d'imitation, oz fait la même chose, elle pointe en riant et danse en tournant en rond. - c'est beau tu sais. c'est comme une mélodie qui fait sourire. je m'assis au sol, mêlant mes orteils à la chaleur de ce sable et je patiente qu'elle continue, je suis un spectateur de son talent et de son envie de jouer. elle est belle comme une peinture. une peinture fragile à qui on doit donner du temps, qu'on doit protéger d'un monde si difficile.  

les rayons du soleil sont chauds aujourd'hui. le sable fin l'est aussi, il réchauffe mes pieds nus. je suis assise sur le rebord d'un rocher noir et j'observe un peu les gens qui ont le sourire collé aux lèvres. leur joie me gonfle le coeur de courage, ils ont des étoiles dans les yeux et cela m'émerveille tant. les rayons du soleil chauds caressent la peau nue de mes bras maigres. s'il n'avait pas fait aussi chaud, j'aurais porté une de ces légères écharpes de soie pour cacher au reste du monde mes membres osseux. quelques fois, certains passants m'observent au loin, ils se posent tant de questions qui resteront sans réponses. ils s'imagineront les plus grands scénarios, les plus dramatiques comme les moins intéressants. un corps ravagé comme le mien, un corps laid, mais un corps qui me soutient encore. je ne suis pas une carcasse vide, je suis remplie de bonheur et de toute cette vibrante énergie qu'est la nature. mes doigts glissent doucement sur les cordes de ce cher ukulele et je les pince, jouant quelques notes, les enchaînant pour créer une mélodie. l'infirmier a qui on a confié la terrible tâche de me garder à l'oeil semble s'intéresser au corps parfait de ces bimbos en maillots trop révélateurs. je ne bronche pas, je suis libre, au moins pour quelques heures, pour me ressourcer. le sourire aux lèvres, j'observe cette petite enfant qui est apparut soudainement devant moi, une petite princesse, un ange aux traits si purs. et son rire, cette joie qu'elle dégage alors qu'elle enchaîne les pas maladroits de danse sur cette chanson improvise que je joue.

le père s'avance vers moi, prononce quelque chose. sol ? comme la note de musique ? non. sol, comme son prénom. - qiana. je renchéris, n'arrêtant pas de jouer cette mélodie. j'hoche doucement la tête quand il me demande si j'aime la musique. oui. j'adore la musique. sol, ce petit instrument que tu vois entre mes mains fragiles, il me rend vivante. mon rire chaleureux se mêle à celui de son ange et je gratte encore les corde de cette petite guitare. la voix de l'homme s'élève entre la musique et le son des vagues. il me dit que c'est beau, ce que je joue. - merci. je lui offre un sourire qui s'estompe quelque peu lorsque j'essaie de souffler sur une de mes longues mèches de cheveux qui se s'est posée contre mon visage par la faute de ce vent qui s'est levé. - et comment elle se nomme, cette jolie princesse ? pendant un moment, mes doigts arrêtent de glisser sur les cordes et l'enfant m'offre un regard presque dur, ce qui me vole un éclat de rire. - je joue, je joue. et je reprend cette mélodie improvisée, le sourire aux lèvres, le sourire au coeur.