NEVA ✳ i came in like a wrecking ball.

❝ Don't you ever say : I just walked away, I will always want you ❞
©imdonenojustno


nevada, williams

21 ans / héritière, étudiante en communication / née à Los Angeles
Célibataire /OYSTER / ft Selena Gomez
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SUCH A WONDERFUL WORLD

Nevada est la fille d’un millionnaire ayant fait fortune dans l’édition littéraire ✖ elle ne s’entend pas du tout avec sa mère, avec laquelle elle se dispute sans arrêt ✖ elle a toujours voulu avoir des enfants très jeune, ses propres parents l’ayant eux-mêmes eu à tout juste dix-neuf ans ✖ elle n’est pas très grande, et a même longtemps été la plus petite de sa classe ; elle trouve encore cela gênant et déteste quand on le lui fait remarquer ✖ il ne faut pas se fier à ses airs de petite princesse inoffensive, c’est une vraie garce quand elle veut ✖ elle adore regarder des dessins animés, et elle est très fréquent qu’elle ait une sucette fourrée dans la bouche, comme les enfants ✖ elle parle trois langues, anglais, italien et français, et il lui arrive souvent de lire des bouquins des trois langues ✖ elle touche très souvent ses cheveux, c’est un tique ; elle les tripote encore davantage lorsqu’elle est stressée ou gênée ✖ elle passe toujours beaucoup trop de temps dans la salle de bain et se met toujours deux couches de gloss ✖ elle adore dormir ✖ elle a peur des piqures et a déjà eu du mal à se faire percer les oreilles ✖ elle n’a ainsi pas de tatouages mais admire ceux qui en ont ✖ elle est une inconditionnelle d’internet, elle raffole des tuto de maquillage et du streaming ✖ passe des heures à jouer au tetris sur son téléphone, qui est son meilleur ami ou tout comme ✖ elle porte très souvent des robes ou des shorts, même en hiver ✖ elle chante toujours sous sa douche ✖ elle est hyperactive de naissance, et prend des médicaments depuis ses dix ans ✖ elle adore le vernis à ongles et change parfois deux fois dans une même journée ✖ elle va parfois deux à trois fois au cinéma dans une semaine ✖ elle voulait intégrer les rangs de la police quand elle avait quinze ans, sa famille le lui a déconseillé et elle a opté pour des études en communication pour reprendre un jour potentiellement l'empire construit par son père ✖ elle est fan de la chick lit ✖ elle écoute tous les styles de musique et a très souvent au moins un écouteur sur les oreilles ✖ elle adore téléphoner avec son oreillette bluetooth, mais les gens la prennent pour une folle dans la rue ✖ elle mange très peu mais très souvent ; il lui arrive parfois de faire six repas par jour mais elle ne grossit pas ✖ elle a peur des papillons depuis qu’elle est petite ✖

PREVIOUSLY ON OCEAN PLACE

Ocean Place, c’est ma seconde maison, en quelques sortes. Bon, c’est vrai, j’en ai eu des maisons, mais jamais, pas même chez moi, je ne me suis sentie aussi imprégnée d’un endroit. J’avais besoin de voir du paysage et je suis tombée amoureuse de cet endroit, littéralement, de la mer, des gens, de tout. Ca a été mon refuge, et je ne veux pas le quitter, surtout pour une bande de fils-à-papa qui veulent tout balayer pour imposer leurs volontés. C’est simple je trouve. Pour le reste, les histoires de meurtres et de coucheries, ça ne me regarde pas. Oui c’est affreux, mais c’est vraiment égoïste de décider de ne pas en tenir compte pour mieux sauver cet endroit ? Je ne crois pas.

TELL ME THAT LIFE IS BEAUTIFUL

❝1st DAY❞

PARTIE UNE — Il y a des mamans qui considèrent que la naissance de leur premier enfant est le plus beau jour de leur vie. Plus encore que leur mariage. Elles sont tellement heureuses qu’elles ne quittent pas des yeux ce qui est, de leur avis, la huitième merveille du monde. Pour d’autres, en revanche… « AAAAAAAAAAAAAH PUTAIN FAITE-LA SORTIR ! » L’infirmière leva les yeux au ciel mais ne fit aucun commentaire. « Poussez encore, on y est presque… » se contenta-t-elle de dire. Pippa se redressa légèrement. « J’AIMERAI BIEN T’Y VOIR TOI » hurla-t-elle. Elle grimaça et retomba sur l’oreiller en gémissant. Elle avait l’impression que son corps n’était plus qu’une douleur générale, tellement elle souffrait. Comment pouvait-on appeler ça le miracle de la vie ? C’était plutôt le cauchemar de la vie ! « Jeff, fais quelque chose je t’en supplie, je vais mourir », gémit Pippa en se tortillant. Jeff fixa sa fiancée avec affliction. « J’aimerai bien Pippa, mais là, sincèrement, je ne peux rien faire », soupira-t-il tandis qu’elle se remettait à hurler et à pousser sous l’injonction de la sage-femme. Qui aurait cru qu’à peine un an et demi après leur rencontre, Pippa serait déjà en train de donner naissance à leur enfant ? Ni l’un ni l’autre, de toute évidence. Pourtant, les faits étaient là ; l’université, la soirée étudiante, la rencontre, le coup de foudre, et pour en finir le premier bébé à dix-neuf ans. Oh, l’un et l’autre avait aimé l’idée d’avoir un enfant assez tôt — tout du moins les premiers jours, avant que Pippa ne se mette à vomir nuit et jour tout ce que son corps mince et longiligne contenait. Pour le reste, ils avaient eu huit mois et demi pour potasser le sujet, Jeff avec la meilleure volonté du monde et Pippa avec une exaspération à peine voilée. Son ventre s’était arrondi semaine après semaine, mois après mois. Les familles respectives avaient fini par se faire à l’idée qu’elles allaient se joindre après la naissance ; pour autant, les Williams, la famille de Jeff, fortunée et guindée, avait pincé des lèvres en voyant cette jeune brésilienne, si belle et si populaire dans le monde du mannequinat fût-elle, s’approcher langoureusement du fils prodige. Et puis le bébé avait commencé à pointer le bout de son nez, et il avait fallu faire avec. Pippa avait neuf mois pour devenir quelqu’un de socialement intéressant et éduqué, avait décrété Isabella Williams en prenant cette belle-fille, qu’elle n’avait pas choisie, sous son aile. Pippa attrapa la main de Jeff et la serra, serra, serra, jusqu’à ce que ses doigts dessinent une marque rouge à même la peau de son fiancé, qui grimaça mais ne pipa mot. Cela faisait désormais six heures qu’ils étaient arrivés en catastrophe à la maternité, près de quatre qu’ils étaient dans cette salle, et le temps commençait à s’étirer le plus lentement du monde pour tout le monde. Le dénouement de cette charmante histoire se fit pourtant à une vitesse éclaire ; avec une incroyable facilité si Jeff se permettait de penser cela. Tout se passa très vite ; l’infirmière cria de pousser, Pippa serra les mâchoires et la main, Jeff cligna des yeux, et en un rien de temps une minuscule petite chose toute rose et plissée se mit à vagir dans la pièce tandis que Pippa retombait sur ses oreillers, incapable de se soutenir plus longtemps tellement elle était épuisée. Jeff déposa un baiser sur le front humide de sa fiancée et la serra contre elle tandis que la sage-femme enroulait le nourrisson dans une couverture avant de le tendre à la jeune mère. « Regarde comme elle est jolie »,soupira Pippa avec un sourire épuisé. « Tu as vu son petit nez », sourit Jeff avec des étoiles dans les yeux. « Et ses petites mains, tu as vu comme elles sont petites ? »,murmura Pippa en effleurant du bout des doigts le minuscule poing qui faisait à peine plus que son propre pouce. « J’ai envie qu’elle ait un nom tout mignon », déclara subitement Pippa. « On avait décidé Francesca », objecta Jeff, étonné. « Mais c’est long, Francesca ! Et je déteste l’idée que tout le monde l’appelle Fran. Fran, Frannie, on dirait une vieille grand-mère !», s’indigna Pippa. Moira, Nevada, ça c’est des prénoms tous mignons ». « Chérie, je t’aime énormément, mais j’ai du mal à concevoir que ma fille porte le nom d’un Etat des Etats-Unis », soupira Jeff, à bout de patience. « Et moi je ne veux pas que ma fille souffre d’un prénom qu’elle n’aimera pas ! », s’offusqua la jeune femme en la serrant contre elle. « Et qu’est-ce que tu en sais ? », demanda Jeff en roulant des yeux. « Je le sais, c’est tout. Je n’ai pas aimé ce prénom tout le temps de ma grossesse, elle a du le sentir et le déteste elle aussi. Et je refuse d’attendre douze ans au moins pour te prouver que j’ai raison, une fois que sa vie sera fichue », répliqua Pippa. « Ma fille ne s’appellera pas Nevada, trancha Jefferson avec autorité. Choisi un autre prénom si ça te chante, mais je refuse que ce soit Nevada. Un point c’est tout ».

❝Seven Y.O.❞

« Nevada ! Chérie, qu’est-ce que tu fais ? » Jeff fixait sa fille, tout juste âgée de sept ans, occupée à déplacer avec la meilleure volonté du monde mais sans grande efficacité le pare-cheminée en métal pour le replacer devant le foyer. C’était la pleine période de Noël, et Jeff l’avait retiré quelques heures plus tôt sur l’injonction de sa femme, qui prétendait que Nevada ne pouvait décemment croire que le Père Noël se hisserait par-dessus après avoir déjà eu toutes les peines du monde à s’extraire de la cheminée. La grande maison des Williams avait été décorée avec tellement d’application qu’il était assez difficile de ne pas croiser une guirlande ou un angelot quelque part — et ce dans toute la propriété, parce que Pippa ne s’était évidemment pas contentée de couvrir la maison de décorations, elle s’était également faite un devoir de décorer la propriété entière, soit le terrain mais également les deux dépendances et même le garage à vélos. Dans le salon du rez-de-chaussée et dans la chambre de Nevada, Pippa s’était aussi appliquée à recouvrir les meubles de neige synthétique pour le plus grand bonheur de sa fille. Jeff, quant à lui, se consolait en se disant que Noël passerait vite et que les choses reviendraient prochainement à la normale — du moins l’espérait-il fortement, très, très fortement. Il avait bien essayé de la faire changer d’avis sur ses grandiloquents projets de décorations mais il était, comme toujours, très difficile de faire changer la jeune femme d’idée — le prénom de sa fille le lui rappelait toujours amèrement. Jeff se baissa à la hauteur de sa fille qui le fixait d’un air irrité — air qui la faisait ressembler à s’y méprendre à sa mère, par ailleurs. « Papa » , annonça-t-elle de sa petite voix décidée. « Je ne suis plus une petite fille. Elina m’a dit, pour le Père Noël » , reprit-elle après une pause. Jeff arqua un sourcil. Il se sentait peiné que sa fille ne croit déjà plus au fameux bonhomme rouge ; elle n’avait que sept ans, après tout. « Ah oui ? » , demanda-t-il, étonné. Nevada hocha vivement la tête. « Je sais qu’il ne peut pas passer dans la cheminée, alors il passe par la porte de derrière. Je suis une grande fille maintenant, vous comptiez me le dire quand ? » , répliqua-t-elle, boudeuse. Jeff se sentit soulagé et se retenait tant qu’il pouvait pour ne pas rire. « Chérie… » , commença-t-il avec difficulté. Bon sang, il en avait les larmes aux yeux, à force de se retenir. « Oublis pas de la laisser ouverte, Johanna Perkins dit que ses parents ont oublié l’année dernière » , l’interrompit Nevada. Jeff fixa en silence sa fille et lui sourit. « Promis mon chat, je n’oublierai pas » , déclara-t-il. Il se releva et alla caller le pare-cheminée comme il fallait sous l’œil satisfait de sa fille. « Contente ? » , demanda-t-il. Nevada hocha vivement la tête et quitta le salon d’un pas résolu tandis que sa mère entrait par la deuxième porte. « Jeff, je t’avais dit de déplacer le pare-cheminée » , lança Pippa en fronçant les sourcils. « Ta fille est persuadée que le Père Noël n’entre pas par la cheminée mais par la porte de derrière » , répliqua Jeff en hochant lentement la tête d’un air entendu. Pippa se mit à rire. « Au fait, ta mère a appelé. Apparemment tu lui as promis de leur laisser Nevada pour la deuxième semaine pour qu’ils l’emmènent à Aspen » . Jeff cessa de sourire et s’éclaircit la gorge, gêné. Il avait effectivement promis cela à sa mère après qu’elle l’ait harcelé pendant des jours entiers. Sa secrétaire avait d’ailleurs dû se mettre sous antidépresseurs. « J’ai peut-être évoqué quelque chose comme ça, oui » , répondit-il, évasif. « Peut-être ? Tu te fiches de moi Jeff ! Je t’ai dit je ne sais combien de fois que comme je partais défiler pendant un mois entier en février je voulais profiter de Nevada avant ! » , s’écria Pippa, furieuse. « Je pouvais pas lui dire non putain, tu sais comment elle est quand elle veut quelque chose ! » , s’exclama Jeff à son tour. Pippa émit un bruit méprisant. « Oui je le sais, mais c’est ta mère et c’est notre fille, alors je n’ai peut-être pas le pouvoir de décider pour ta mère, mais en ce qui concerne Nevada, j’ai tous les droits » , acheva-t-elle, furieuse, en quittant le salon.

❝FIFTEEN Y.O. ❞

« Nevada, ça commence à bien faire. Je ne supporte plus tes humeurs ». Il y eut un silence pendant lequel Nevada détourna les yeux, butée. Jeff jeta un coup d’œil à sa fille de quinze ans, furieux, avant de se reconcentrer sur la route devant eux. « Tu vas dire quelque chose à la fin ? Ca fait quinze jours qu’on est ensemble et tu n’as pas décroché un mot bordel de merde », s’écria-t-il encore. Nevada émit un son méprisant et fixa la route, bras croisés, refusant toujours de prononcer le moindre mot, ses cheveux noirs flottant dans le vent à l’intérieur du coupé BMW décapotable de son père. « Tu veux qu’on parle de quoi ? , demanda finalement Nevada, acide, rompant le silence interminable qui s’était installé près de quinze jour plus tôt. De la pétasse blonde avec laquelle tu trompes maman ? ». Jeff grimaça. Il savait que le sujet allait venir sur le tapis, tôt ou tard. Nevada quant à elle fixait son père à son tour, symbole-même de la dignité et de la colère. Un jour sa mère lui avait dit qu’il fallait faire attendre un homme pour qu’il soit à sa merci. Ca n’avait pas loupé. Quinze jours qu’elle ruminait l’atroce découverte. Elle était arrivée dans la maison de vacances (l’une d’elles, en fait) de Palm Springs, toute à sa joie de faire la surprise à son père de sa visite. Mais voilà ; son cher papa n’était pas seul, et la pétasse blonde désoxygénée alourdie de fond-de-teint avait même eu le culot de lui dire bonjour en repartant comme une voleuse, son soutien-gorge dans son sac à main has-been. « Ou alors du fait de n’avoir pas jugé bon de trouver mensonge satisfaisant à servir à ta chieuse de fille au cas-où elle se pointerait à l’improviste ? », assena encore Nevada devant le silence de son père. « Je ne te dois rien », se rebella Jeff du bout des lèvres. « Mais à maman si », s’écria Nevada en se tournant vivement vers son père, furieuse. « Ta mère le sait parfaitement », déclara finalement Jefferson. Nevada fixa un moment son père, bouche-bée, incapable de dire quoi que ce soit. « Je rêve. C’est un rêve. Un putain de cauchemar même », murmura-t-elle en se massant les tempes. « Reste polie je te pris », répliqua Jeff en empruntant un virage. « MAIS PUTAIN ARRÊTE TES CONNERIES PAPA. C’est quoi encore ce bordel ? », éructa Nevada. « Ta mère et moi », commença Jeff avant de se taire. Il fallait y aller mollo mais sa fille serait capable de le prendre très mal si elle s’apercevait que son père tentait de la ménager. « Ta mère et moi on est ensemble depuis un moment maintenant. On s’aime toujours mais parfois c’est compliqué pour nous de se dire qu’on vivra toute notre vie ensemble sans avoir rien vécu à côté », soupira Jeff, peu convaincu par ses propres propos. « Ok ok ok. En gros, vous vous tapez le trip du ménage à trois pour le fun quoi », rétorqua aigrement Nevada, médusée. « Ménage à trois, ménage à trois, ta mère n’est pas blanche comme neige non plus », riposta Jeff, s’en voulant immédiatement de mouiller Pippa dans l’histoire alors qu’elle n’était même pas présente pour se justifier. Mais pourquoi devait-il être toujours le salaud, lui ? Il y eut un long silence uniquement rompu par le vrombissement des chevaux sous le capot. « Nevada, tu te plains qu’on te prend pour une gamine mais réagis en adulte un peu. Un jour tu comprendras que c’est un bien pour nous ». Un bien pour vous, songea amèrement Nevada. La conception de l’amour de ses parents, c’était vraiment pas la même que la sienne.

❝SEVENTEEN Y.O.❞

« Nevada ! » L’adolescente s’écarta d’un groupe d’amis pour rejoindre les siens, repérant sa mère, adossée au cabriolet BMW, lui faisant de grands signes de la main derrière ses lunettes Dior. « Mon trésor, si tu savais comme je suis fière de toi », s’écria Pippa en se ruant vers sa fille. Elle serra Nevada contre elle à l’étouffer, bousculant sa toque de diplômée d’un brusque coup d’épaule. La jeune fille grimaça en tapotant rapidement le dos de sa mère et se dégagea de son étreinte. « Ma chérie tu as été parfaite, absolument parfaite ! Bon tu aurais peut-être dû te repoudrer le nez avant les photos et peut-être choisir une autre robe sous ta toge, mais tu as été parfaite, vraiment », s’écria encore Pippa, comblant comme à son habitude la moitié de l’espace sonore. Jeff sourit à côté d’elle et s’approcha de sa fille, rangeant son Palm Pilot dans la poche de son pantalon à pinces. « Ne l’écoute pas trésor, tu as été parfaite, de A à Z », sourit-il en serrant brièvement sa fille contre lui. « Puisque nous allons nous retrouver toutes les deux pour la journée, que penserais-tu de nous faire une journée en institut ? », demanda Pippa, toute joyeuse, en amorçant le retour vers la voiture. « Toutes les deux ? On ne devait pas aller manger au Ritz ? », demanda Nevada, incrédule. « Jeff ne t’a pas dit ? Il doit s’absenter pour quelques jours,  s’étonna Pippa en se tournant vers sa fille. Jeff, tu aurais dû lui dire », le gronda-t-elle. « Papa, tu avais promis », s’écria Nevada, confrontant son père. Il leva le nez de son Palm Pilot, gêné. « Chérie, les affaires sont les affaires. On a potentiellement découvert un nouveau talent, on a une grosse réunion à Los Angeles pour organiser tout ça. Tu sais que j’aurais aimé, ma puce », s’excusa-t-il en voyant la mine furieuse de Nevada. « Tu dis ça à chaque fois que tu annules », marmonna Nevada. La jeune fille demeura immobile, les bras croisés, refusant d’imiter ses parents qui s’installaient à l’avant. « Chérie, monte dans la voiture. Les gens commencent à nous regarder », souligna Pippa en regardant autour d’elle tout en bouclant sa ceinture. « Je m’en fiche putain, c’est toujours pareil avec vous », répliqua Nevada, furieuse, trépignant de là où elle était. « Je me rattraperai je te jure. Ma puce, monte s’il-te-plaît, je dois faire mes valises à la maison », soupira Jeff. « On se verra à mon retour, je reviens jeudi », proposa-t-il finalement en voyant l’absence de réaction de sa fille. « Je serai pas là », répliqua soudainement Nevada en passant une main dans ses cheveux. « Ah bon ? Ta grand-mère t’a convaincue de les rejoindre à Barcelone ? », s’étonna Pippa, se tournant pour regarder derrière son siège. « Non. Ailynn m’a proposé de partir avec elle et d’autres copines à Cancun pour les vacances d’été », rétorqua Nevada en consentant enfin à monter à l’arrière du véhicule qui s’ébranla le long de l’asphalte. Elle n’avait pas encore donné sa réponse à Ailynn lorsqu’elle lui avait proposé quelques heures plus tôt. Mais ni Jeff ni Pippa n’avaient besoin de le savoir. Non ? « Un Spring Break ? Je me souviendrais toujours du dernier que j’ai fait, je l’ai fait avec des copines mannequins on était partie à S… », s’exclama Pippa pleine d’entrain, avant de se taire face au regard que lui lançait Jeff. « C’est pas un peu dangereux ça ? », grimaça-t-il dans le rétroviseur. « C’est vous qui en parlez, moi je parle juste de vacances », contra Nevada avec la plus mauvaise foi. « Bon. On se verra en août », soupira Jeff.

❝EIGHTEEN Y.O.❞

« Le mec là-bas te mate à mort » « Aily, arrête tes conneries » « Bah regarde », répliqua Ailynn en haussant les épaules avec désinvolture. Nevada poussa un long soupir résigné et se retourna avec toute la mauvaise grâce du monde. Pourtant, force lui fut de constater que sa meilleure amie avait raison. Un type la regardait de derrière le bar. Brun, mignon, il la couvait de son regard charbonneux avec un sourire en coin. Il la matait carrément, en fait, réalisa mentalement Nevada. Il leva son verre de tequila en signe de bonjour et Nevada arqua un sourcil. Ce mec avait beau être mignon, il croyait visiblement que l’attention de toutes les filles qu’il matait devait lui être rendue. Aussi Nevada se détourna de lui dans un geste théâtral, tandis qu’Ailynn observait son manège avec un sourire moqueur. « Arrête de me regarder comme ça », répliqua Nevada en roulant des yeux. Ailynn haussa les mains en riant en guise d’innocence tandis que sa meilleure amie sifflait la fin de son cocktail qui lui enflamma la gorge. « On a perdu Tama je crois », fit remarquer Nevada après un moment en remarquant l’absence d’une de leurs amies. « Ouais, elle s’est tirée avec deux mecs plutôt canons tout-à-l’heure. Ca sent le plan à trois », observa Ailynn avec désinvolture en rejetant ses longs cheveux blonds dans son dos. Nevada se mit à rire, embrumée par les vapeurs d’alcool. Elles avaient commencé la soirée à vingt heures dans une boîte, avaient enchaîné à une heure du matin avec une seconde non loin de la première, et qui savait où elles se retrouveraient lorsque le jour se lèverait quelques heures plus tard. Nevada avait depuis longtemps cessé de vouloir rester les pieds sur terre depuis le début des vacances et avait répondu présente aux exhortations les plus délirantes d’Ailynn sans se formaliser beaucoup. « Faudrait que je le note sur ma wish list », décréta la blonde avec le peu de résolution qu’il lui restait tandis que Nevada éclatait de rire. « Genre un plan à trois, toi, moi et le type qui te mate depuis des heures », compléta-t-elle. Nevada regarda à nouveau dans la direction du beau brun. « Je paris cinquante dollars que t’arrives pas à enfoncer ta langue dans sa gorge en moins de vingt minutes », répliqua à nouveau Ailynn. Nevada se tourna vers elle. « Cinquante ? Petite joueuse. Je paris cent », ricana-t-elle en tendant la main vers elle. Ailynn haussa les épaules. « Je tiens le paris », rétorqua-t-elle en topant dans sa main. Nevada se leva, rejeta ses cheveux derrières son dos et attrapa son sac-à-main. « Je passe aux toilettes, tu me  fileras  la thune en espèce », répliqua Nevada en se détournant vers les toilettes. Quelques minutes et de nombreux coups de coude plus tard, elle se retrouvait face à son reflet dans les toilettes pour femmes. Au deuxième lavabo, entre une bimbo éméchée se remaquillant si peu droit qu’elle avait un immense trait rose barrant son menton et une junkie raclant sa dose de dope sur un plateau improvisé, Nevada entama son relooking express, nappa ses lèvres d’une lourde dose de gloss, détacha ses cheveux et remonta ses seins au maximum dans son soutien-gorge. Elle balança bientôt son sac-à-main sur son coude et marcha langoureusement autour du bar jusqu’à rejoindre le beau brun qui feignait de ne pas la remarquer. Nevada lui tapota l’épaule. « Moi c'est Nevada, salua-t-elle simplement. Ma copine là-bas pense que tu me trouves sexy », expliqua-t-elle, une moue malicieuse sur le visage. Le type lui sourit, d’un adorable sourire en coin. « Moi c'est Jake. Et qu’est-ce qui lui fait croire ça ? », demanda-t-il, choisissant le jeu. Nevada haussa les épaules. « J’sais pas. Tu me trouves sexy ? » Moins d’une minute plus tard, Ailynn applaudissait à tout rompre de la place où elle était, se tordant le cou pour apercevoir sa meilleure amie gagner leur défi.

❝EIGHTEEN Y.O. (bis)❞

« Nevada, arrêtes un peu de bouder mon chat » , soupira longuement Pippa. Sa fille ne répondit pas et se contenta de détourner la tête en recalant sur le bout de son nez ses lunettes de soleil. Cela faisait une semaine qu’elle était rentrée de ses vacances à Cancun, et Pippa avait observé sa fille déprimer pendant sept longs jours dans la résidence familiale, se traînant dans la maison comme une loque, pendue à son téléphone qui ne voulait pas sonner. « Il faut que tu fasses le deuil de ce garçon, ma puce. C’est fini, tu en rencontreras d’autres » , soupira encore Pippa en se passant une main dans les cheveux. Elle savait que ce baratin maternel ne consolerait pas sa fille ; elle-même avait essuyé le même discours de la part de sa mère à son premier chagrin d’amour, quand elle avait dix-sept ans, mais les choses n’en avaient pas été plus faciles et Pippa n’avait jamais oublié le fameux garçon. Elle avait même bien fait, parce qu’elle ne serait pas en train de bavarder avec la fille qu’ils avaient eu deux ans plus tard par un coup du destin, réfléchis Pippa. Mais les choses ne pouvaient pas être pareilles. Ce garçon-là ne pouvait pas être l’homme de la vie de Nevada ; et jamais ils n’auraient d’enfants ensemble, le destin ne frappait jamais deux fois au même endroit, décréta-t-elle mentalement. Philippa lança un regard à sa fille derrière ses lunettes Gucci. Nevada observait la plage, l’air renfrogné, les bras croisés dans son transat. « Tu as des nouvelles d’Ailynn ? » , demanda finalement Pippa. Il y eut un long silence uniquement trahi par les bruits de la foule autour d’elles. Pippa savait qu’elle s’aventurait sur un terrain dangereux, mais sa curiosité de femme et de maman conjuguées lui faisaient courir le risque. Et puis elle s’inquiétait pour sa fille ; la voir aussi déprimée tout en sachant que la fameuse meilleure amie risquait fort de ne plus jamais la sortir de là n’aidait pas à ce qu’elle se sente mieux. « Non » , répondit Nevada, le ton dur. Sa blondasse d’ex-meilleure amie pouvait aller crever en Enfer, songea-t-elle vertement. Tout allait bien pourtant. Jake n’était qu’un pari débile au début. Et pourtant tout avait commencé par ce baiser débile. Le soir-même elle couchait avec et quatre jours plus tard ils officialisaient leur situation ; elle avait eu le déclic pour lui, tout simplement. Elle était amoureuse et pour la première fois depuis longtemps, elle était en couple. Et puis un matin elle était rentrée à l’hôtel après être sortie faire un tour, et elle avait trouvé Ailynn dans le même lit que Jake. Nevada avait brièvement raconté les faits à sa mère tout en édulcorant un minimum, mais elle savait que sa mère n’était pas dupe et ne croyait pas à ses airs de sainte-nitouche. « Tu veux qu’on rentre ? » , soupira encore Pippa en voyant la mine de Nevada, laquelle hocha la tête en silence. C’était dur d’être mère, songea Pippa en regagnant la décapotable quelques instants plus tard.