TELL ME THAT LIFE IS BEAUTIFUL
NAISSANCE ET FIN. Il y a d'abord les premières années de sa vie dans le Maine, une petite demeure familiale dans un village où tout le monde les connaît, les frères Clifford. Où personne ne les différencie, cependant. Ils sont jumeaux, ils se suivent partout, ne jouent jamais sans l'autre, reviennent ensemble de l'école, de l'entrainement de football, caressent le chien familial avec le même sourire. Ils ont les mêmes boucles brunes et la même fossette quand ils sourient. Et ils ont une vie épanouie, une vie faîte de cake au chocolat, d'histoires inventées abracadabrantesques. La vie que l'on voit dans les publicités pour les boîtes de céréale. Jusqu'à ce que le gamin entende les quelques mots qui basculent sa vie dans un tableau informe, sans queue ni tête. «
Bienvenue à Hawai, mon chéri. » Accueilli dans une nouvelle famille qu'il n'avait vu, en tout et pour tout, qu'une seule fois. Hawai, le soleil, le sable fin, les plages de rêve. Île si différente des tempêtes du Maine, du ciel gris, des vagues qui s'écrasent en grand bruit contre les falaises. On lui avait rapidement expliqué la situation ; tout ce qu'il avait retenu, c'était les corps de son frère jumeau, de son père, de sa mère, que l'on avait mis sous terre sans ménagement. On avait dit qu'ils étaient au ciel, mais le gamin avait bien vu où on avait creusé les trous. Il s'est acclimaté, ce gamine, comme il s'acclimatera désormais à tout. Il a eu des amis, des filles, de nouveaux frères et sœurs. Une bonne vie. Différente de celle qu'il aurait certainement dû avoir. Mais qui sait quelle vie il aurait dû avoir ?
MARIAGE ET DÉCADENCE. Elle lui avait éclaté de rire au nez, à la barbe, et à toutes les autres parties de son visage. Mais il avait insisté. «
Veux-tu m'épouser ? » Ils avaient bu quelques verres, ce qui l'avait poussée à être méfiante face à ce débordement de sentiments. Et, quelques semaines plus tard, il répétait les paroles du révérend, acceptant de prendre cette femme pour épouse et promettant de la chérir et de la rendre heureuse, jusqu'à ce que la mort les sépare. Mais ils ne furent jamais dans ce cas de figure. Dès le mariage consommé, la vie réelle revint au galop ; disputes, désagréments, mésentente cordiale mais insupportable, et même insultes parfois. Ce fut un avocat qui les sépara : divorce en bonne et dû forme. «
Pas la pire erreur de ma vie, mais elle est dans le top trois. » est la façon dont il décrit ce mariage aujourd'hui. Il ne le regrette pourtant pas ; Brent ne regrette jamais, il doute tout du moins. Mais ils sont restés de bons amis, qui aiment la présence de l'autre. Seulement, ils se sont trompés et ils l'acceptent. Ils n'étaient que deux âmes vides à la recherche d'une autre pour la combler, ne comprenant pas qu'eux seuls pouvaient décemment le faire.
LES AMIS ET LA BIÈRE. Ce sont des heures et des heures devant des pintes de bière, à refaire le monde, à délivrer des pans de sa vie sous des blagues déguisées. Ce sont des messages envoyés à trois heures du matin en proclamant que la soirée n'est pas terminée. Ce sont des propositions de vacances en bande, des tapes dans le dos quand l'un craque, quand l'autre a des soucis plein la tête. «
Si on est ami avec toi, c'est seulement pour l'alcool gratuit. » ou «
On peut passer derrière le comptoir, se servir un verre et les serveuses ne bronchent pas. » et encore «
Il va falloir que tu rachètes du whisky, Brent. » De tout ce qui importe le plus dans sa vie, ce sont ses amis qui remportent la palme. Rencontrés à différents stades de son existence, ils lui apportent tous quelque chose dont il a besoin, ils ont tous la même importance. Et ils ont tous la même volonté de ruiner son bar vu la façon dont ils vident ses stocks... Ce qu'il prend cependant toujours avec humour.
ET LES ENNUIS QUI COMMENCENT. Ça a commencé calmement, un peu comme une tempête. Cette comparaison aurait dû le mettre sur la voie et, pourtant, il avait tendu la main sans l'once d'un doute. Son ex-femme, et présentement grande amie, lui souriait de toutes ses dents, emballée par la petite plaisanterie qu'elle glissait entre ses lèvres. «
Je te présente ton ex belle-sœur. » Tout a commencé comme ça, dans l'innocence d'une rencontre nouvelle. Il a immédiatement remarqué ses yeux clairs, sa bouche fine et pleine, mais il n'a pas bronché, seulement répondu d'une voix posée. «
Enchanté. » On lui avait dit qu'elle était une jeune journaliste dynamique, qu'elle se déplaçait beaucoup mais qu'elle avait envisagé une réorientation parce que sa vie posée lui manquait trop. Ça avait commencé tout à fait innocemment et, à force de rencontres, fortuites ou non, ça avait dégénéré sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. L'évidence le frappa un soir alors qu'il était au comptoir, à essuyer les verres qu'il sortait du lave-vaisselle. C'était son ami qui lui avait ouvert les yeux. «
Elle te plaît. » Il lui avait lancé le chiffon au visage, éclaté de rire. «
Non, enfin... Tu dis n'importe quoi. Bien sûr que non. »
PSEUDO : dark before dawn. PRÉNOM : cédric. AGE : vingt-et-un ans. FRÉQUENCE DE CONNEXION : quasi quotidienne. COMMENTAIRES :